La dépouille de Jean Paul II, qui s'est éteint samedi soir à l'âge de 84 ans, a été exposée à la vue des téléspectateurs du monde entier dimanche tandis qu'un message posthume du pape était lu lors d'une messe solennelle sur la place Saint-Pierre. Des dizaines de milliers de pèlerins ont spontanément convergé vers Rome en signe d'affection pour un pape qui aura joué un rôle clé dans la chute du communisme en Europe de l'Est et dans la promotion du dialogue avec les autres religions, mais qui restera aussi pour les plus libéraux comme le grand défenseur du conservatisme de l'Eglise."Il est mort dans la sérénité des saints", a déclaré le cardinal Angelo Sodano, n°2 du Vatican, lors d'une homélie pendant la messe de requiem dite en milieu de journée en la basilique Saint-Pierre.
Quinze heures après le décès de Jean Paul II, les télévisions du monde entier ont diffusé à la mi-journée les images de la dépouille exposée Salle Clémentine du Vatican, où de nombreux cardinaux et diplomates se pressaient pour lui rendre un dernier hommage. Coiffé d'une mitre, le corps du pape était vêtu de rouge et de blanc, tenant sous le bras gauche sa crosse d'archevêque.Quelque 130.000 fidèles étaient réunis place Saint-Pierre pour écouter le message lu par l'archevêque Leonardo Sandri."
L'AMOUR DONNE LA PAIX" "A l'humanité toute entière, qui semble aujourd'hui perdue et dominée par la puissance du mal, l'égoïsme et la peur, notre Seigneur ressuscité nous donne l'espoir qui pardonne, réconcilie et rouvre l'âme à l'espérance", indique le message posthume, la dernière d'un pontificat de plus de 26 ans."C'est l'amour qui convertit les coeurs et donne la paix", écrivait le pape dans ce message préparé pour la fête de la Miséricorde divine, célébrée le dimanche après Pâques.Un autre message du premier pape polonais de l'histoire a par ailleurs été lu à 60.000 fidèles rassemblés à Cracovie, dont Karol Wojtyla était l'archevêque avant d'être élu pape en 1978.L'annonce de la mort du Saint-Père a provoqué un afflux de pèlerins sur Rome, comme un hommage à un globe-trotter polyglotte qui a passé sa vie à aller à la rencontre des populations de la terre entière. "Il nous a appelés et nous sommes venus", a déclaré Giuseppe Incarnati, arrivant de Naples.Le pape est officiellement décédé d'un choc septique et d'un collapsus cardiaque irréversible. L'état de santé du pape, qui souffrait d'arthrite et de la maladie de Parkinson, s'était progressivement dégradé au cours de la dernière décennie pour s'aggraver brutalement ces derniers jours. Il avait dû être hospitalisé à deux reprises en février et des problèmes respiratoires avaient nécessité une trachéotomie."
JEAN PAUL LE GRAND "Mercredi, les médecins avaient placé un tube d'alimentation dans son estomac pour tenter de lui redonner des forces. Le lendemain, il contractait une infection urinaire. Puis vinrent la fièvre, des problèmes rénaux, et enfin la mort. Le corps du pape devrait être transféré à la basilique Saint-Pierre lundi, où il sera exposé au public.Les funérailles auront lieu à une date qui n'a pas encore été annoncée mais qui devrait être entre mercredi et vendredi. Quelque 200 dirigeants du monde entier, y compris le président américain George Bush, sont attendus. Dans 15 à 20 jours, les 117 cardinaux se réuniront en conclave dans la chapelle Sixtine pour élire un nouveau pape.C'est avant tout son rôle en faveur de la paix qui a été souligné dans les hommages rendus par le monde entier. Plusieurs dirigeants étrangers ont en outre rappelé son rôle dans la chute du communisme en Europe de l'Est.Le cardinal Angelo Sodano a l'appelé "Jean Paul le Grand", un titre réservé jusqu'ici aux papes Léon Ier (440-461), célèbre pour avoir repoussé une attaque des Huns d'Attila contre Rome, et Grégoire Ier (590-604), qui a repoussé les Lombards et ouvert les réserves du Vatican aux malades et aux affamés.
ROME ATTEND DEUX MILLIONS DE PELERINS "Mais beaucoup de catholiques plus libéraux demeurent réservés, voire ouvertement critiques à l'endroit du conservatisme de Jean Paul II sur d'importants dossiers comme celui de la contraception, de l'avortement, de l'accès des femmes à la prêtrise ou du mariage des prêtres.Du Brésil aux Philippines, de l'Afrique du Sud à l'Allemagne, des centaines de messes ont été dites partout dans le monde pour le Saint-Père. Même les taliban afghans ont déclaré que certains des propos du pape "sur la paix et l'harmonie méritaient d'être pris en compte".Rome, qui s'attend à l'arrivée de deux millions de pèlerins, a pris des mesures exceptionnelles pour affréter de nouveaux trains, rassembler des réserves d'eau potable et préparer des milliers de lits supplémentaires.Des écrans géants vont être installés en divers points de la ville pour qu'un plus grand nombre puisse suivre les célébrations et des messes vont avoir lieu dans le Cirque maxime.Aucun favori ne se dégage pour succéder au pape, qui était lui-même un outsider quand il devint le premier non Italien depuis 455 ans à devenir pape, le 16 octobre 1978.Le futur pape devra faire face à des défis éthiques exceptionnels alors que la science, la technologie et la culture mettent en question la place de l'Eglise dans la société, estime dimanche le cardinal belge Godfried Danneels, considéré comme un "outsider" à la succession de Jean Paul II et comme un des "papabili" les plus libéraux.Mais c'est Jean Paul II lui même qui a nommé l'écrasante majorité des cardinaux qui désigneront son successeur, ce qui permet de penser que le conservatisme a de grandes chances de sa maintenir aux affaires du Saint-Siège.
Reuters
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